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CHRONIQUES

aux stations d’eau canadiennes. La seule ligne de bateaux à vapeur qui ne fait le service que quatre fois par semaine de Québec à la Baie des Ha ! Ha ! n’y peut suffire ; c’est par centaines qu’ils débordent à la Malbaie et à Cacouna, outre que le chemin de fer en échelonne sur tout le côté sud, à Kamouraska, à la Rivière-du-Loup, à Rimouski… Ce que tous ces endroits prennent d’accroissement et de mouvement chaque année est vraiment remarquable ; mais ils sont encore loin de suffire à la foule avide. Moi qui ai vu, il y a dix ou quinze ans, ces campagnes devenues aujourd’hui de véritables villes rurales, je reste tout émerveillé de leur subite croissance ; partout ont surgi des maisons destinées uniquement aux étrangers ; ce sont des villages entiers qui se forment de la sorte, avec toutes les coquetteries et tous les embellissements qui déterminent le choix, et l’arrêtent, une fois formé.

Mais ce qui manque à la plupart de nos jolies stations d’eau, c’est la facilité, c’est la rapidité des communications. Ainsi, Tadoussac n’a pas même une route qui mène, soit à l’intérieur, soit sur le littoral ; pas de télégraphe non plus ; les voyageurs qui y arrivent ou qui en partent sont obligés de traverser à la Rivière-du-Loup. Ceux qui vont à Cacouna sont encore tenus de descendre à la Rivière-du-Loup, s’ils viennent par eau, et de faire ensuite cinq milles en voiture. Les voyageurs qui vont à Kamouraska font encore en voiture la même longueur de chemin, à partir de la gare du chemin de fer ; impossible de s’y rendre par eau, parce que la marée baissante laisse à sec le rivage sur un mille d’étendue.