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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/31

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comme cela, il n’y aurait pas de faux représentant.

Les partisans enthousiastes de Fréchette étaient si sûrs du vote écrasant des campagnes qu’ils ne pouvaient croire que celui de la ville fût suffisant à leur enlever le succès ; mais il y a eu des déceptions et des trahisons. Laissons tout cela ; c’est l’histoire éternelle, et à quoi bon récriminer ? On se sent pris d’une espèce de dégoût, et l’on se demande ce qu’il y a désormais à faire. Depuis quinze ans, nous n’avons vu que des avortements ; s’il fut une époque où l’on pût concevoir de légitimes espérances, c’était bien celle-ci, et voyez le résultat. Une chose nous console toutefois, c’est que si les libéraux sont battus, ils partagent ce sort avec le programme catholique qui, lui, est tout simplement enterré. Quelle plaisanterie du destin ! Le programme catholique repoussé, proscrit en même temps que les libéraux qui, toute leur vie, ont combattu le fanatisme, ennemi de la religion ! Je me demande si tout n’est pas une illusion et si les hommes se conduisent réellement d’après des mobiles, et non d’après des souffles qui passent et les emportent comme insensibles. Ils marchent, ils agissent, ils espèrent, ils préparent, ils combinent ; à quoi bon ? une chiquenaude du lutin moqueur qui pirouette dans l’invisible renverse tous leurs projets. Y a-t-il encore des causes aux effets ? J’en doute ; ce que je vois, c’est que les causes et les effets sont entre eux comme les antipodes, et qu’au lieu de se suivre, ils se choquent.

Aujourd’hui la moitié des bureaux et des magasins de la ville est fermée ; une salve de vingt coups de canon est tirée sur la plateforme, bon nombre de bâtiments sont pavoisés, des branches d’érable paraissent