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À L’HON. M. LAFRAMBOISE

propriétaire du « National. »




2 Décembre.

« Mon cher propriétaire, vous à qui je dois la vie, vous qui me tenez lieu tous les jours de père et de mère, de boulanger et de restaurateur, vous qui ne mettez pas de bornes à vos largesses pour moi comme je n’en mets pas aux contes que j’invente exprès pour les lecteurs du National, c’est à vous que je dois dire que votre chroniqueur a reçu une bien profonde humiliation ces jours derniers. Je veux vider ma douleur dans votre sein.

Figurez-vous qu’un grand journal de votre ville m’a offert formellement dix dollars par semaine, pour lui rapporter les débats parlementaires ! Outrage plus sanglant ne me fut onques infligé. Pour qui prend-on le chroniqueur, by Jingo ? Eh quoi ! rien que pour écouter ces messieurs du Parlement, cela vaut au moins vingt dollars par semaine. Je ne parle, bien entendu, que des ministres et de leurs partisans, car, pour les députés de l’opposition, rien ne saurait donner une idée de leur éloquence.

J’ai une très mauvaise réputation depuis que j’ai écrit ma chronique sur l’Intercolonial. Il a suffi qu’un niais ridicule, un de ces ébêtés, comme il en existe même en Canada, pays superfin, ait dit une fois que