Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/350

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gente pour ne pas m’en tenir compte et assez discrète pour ne pas s’en apercevoir. Montrez-moi ce trésor, ô mes amis ! et je le garderai pour moi seul, au risque de passer pour ingrat.

Il est envolé déjà, ce premier jour de l’année qui entr’ouvre l’inconnu. Quelques heures de soleil, beaucoup de tapage, des félicitations et des poignées de main innombrables, voilà tout ce qui l’a marqué dans le cours du temps.

Maintenant, il faut songer à l’avenir, prévoir, préparer, édifier : c’est la tâche toujours nouvelle, toujours ancienne. Qu’allons-nous faire en 1873 ? Il ne suffit plus de se démener, de politiquer, de pousser dans une ornière de plus en plus profonde le coche boiteux et branlant de vieilles rivalités sans motif et de divisions sans objet ; il faut marcher, sortir du sentier ingrat où nous épuisons notre jeunesse trop prolongée, il faut secouer nos langes, nous défaire du vieil homme dont les loques pendent obstinément à nos bras, il faut rompre avec les petitesses et les traditions mesquines, jeter hors du chemin les débris fossiles qui l’obstruent et devenir un peuple jeune de fait, comme nous le sommes de nom, avec toute l’activité, la souplesse et l’énergie qui conviennent à la jeunesse.

Voici les élections générales qui s’annoncent : profitons-en pour renouveler non seulement les hommes, mais les choses. Nous avons tout à faire ou à refaire ; eh bien ! faisons et refaisons. Cessons de languir ; les peuples jeunes qui ne croissent pas, s’étiolent et meurent sur leur tronc plein de sève. Nous sommes