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MATHIEU vs. LAFLAMME.[1]


(BREACH OF PROMISE.)


18 Février.


Je trouve que cela est odieux ; je trouve que les lois humaines sont trop souvent en contradiction flagrante avec la nature. Enlever à la femme le droit d’être trompeuse, perfide et parjure, droit qu’elle exerce depuis le temps de la mère Ève, c’est supprimer la femme. Il n’y en a plus : là, vous êtes bien avancés, juges de la terre qui judicatis mulieres.

D’abord, le suprême du ridicule, c’est de vouloir juger les femmes : ces reptiles suaves ne veulent pas être jugés. La femme aime qu’on l’adore ou qu’on la batte ; l’amour ou la force, la crainte ou la passion ; mais être condamnée aux termes de l’article XX… d’un code saxon quelconque qui date de bien avant la conquête normande, cela est pour elle aussi humiliant qu’illogique et monstrueux.

De même que la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée, de même le mariage a été donné à la femme pour déguiser son inconstance ; mais lorsque, malheureusement, cette inconstance

  1. À propos de la rupture d’un engagement matrimonial, de la part de Mlle Laflamme, fiancée du docteur Mathieu, dentiste de Montréal, et du procès intenté par ce dernier contre la dite demoiselle.