Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/372

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27 Février.

Enfin je l’ai vu, je l’ai vu, je l’ai vu… le contrat ! Il a été traduit dans ce style particulier aux traductions, incompréhensible en langage ordinaire. J’ai saisi toutefois, ou plutôt j’ai deviné certains passages ; l’un d’eux m’a épouvanté. Il était pourtant bien entendu que le gouvernement ne devait pas construire le chemin du Pacifique, qu’il l’abandonnait aux compagnies privées et que le peuple, le pauvre peuple, ne serait pas soumis à de nouvelles taxes pour payer cette monstrueuse splendeur. Eh bien ! voilà une déception nouvelle. Il est dit que la confédération ne fera que des dupes.

Pour ce chemin que le gouvernement ne devait pas construire, il donne trente millions ! Or, c’est là une taxe de trente millions payée du coup. À la session prochaine, pour une raison ou pour une autre qui ne sera pas la véritable, on nous flanquera un droit de cinq pour cent plus élevé sur un objet quelconque. Sous prétexte de moralisation, on rendra le tabac et les liqueurs inaccessibles aux petites bourses, qui sont les plus nombreuses. Je n’ai jamais compris, entre parenthèses, pourquoi les petites bourses, étant les plus nombreuses, ce ne soient pas elles qui gouvernent. Le régime constitutionnel est donc aussi lui une duperie !

Nous paierons, c’est superbe, et dans vingt ans nos petits-fils, au lieu d’aller à Cacouna, iront prendre les bains dans le lac Supérieur ou dans les ondes de la Saseatchewan. Quelle perspective ! Avoir à soi, sillonnée par un chemin de fer à voie large, (il faut bien que ce