Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/421

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un cultivateur des environs qui ne lui fût endetté.

Voulez-vous vous faire une idée de ce qu’était le bois dans la vallée du Saguenay il y a quelque dix-huit ou vingt ans ? notez ce simple fait. Un navire d’outremer, venu pour prendre une cargaison, avait trouvé le marché vide ; tout le bois disponible était expédié depuis quelques jours. La saison était fort avancée ; il ne fallait pas à tout prix que le navire repartît sur lest ou passât l’hiver à Québec. On s’adressa à M. Price qui fit venir le navire à son chantier, et, en quinze jours, le bois abattu dans le seul voisinage du chantier, puis coupé et scié, était mis à bord du bâtiment et expédié en Angleterre. Aujourd’hui, on ne trouverait pas dans le même lieu assez de bois pour construire un canot d’écorce ; mais en revanche il y a des terres jeunes, fertiles, qui, pour alimenter la moitié de la province, ne demandent que des bras et surtout des moyens de communication.

Dans la province de Québec, oui, dans la seule province de Québec, il y a l’une à la suite de l’autre, sur le même côté du Saint-Laurent, trois vallées admirables, vastes, coupées d’innombrables cours d’eau, capables de contenir et de nourrir plusieurs millions d’hommes, séparées l’une de l’autre par un espace relativement insignifiant, et qui seraient aisément réunies, si l’homme voulait tant soit peu aider la nature qui a tout préparé d’avance ; ces trois vallées, qui sont celles du Saguenay, du Saint-Maurice et de l’Ottawa, connues et explorées déjà depuis longtemps, n’ont pas