prennent de préférence. Je ne dirai rien du Clyde parce que je ne le connais que pour l’avoir vu : mais certes, s’il est une ligne de bateaux où l’on soit traité dignement, où les officiers du bord soient d’une politesse et d’une obligeance exquises, c’est bien celle de l’Inland Navigation. Cette compagnie, du reste, est très vaste. Outre les deux bateaux qui font le voyage du Saguenay quatre fois par semaine, elle en a encore neuf autres qui font le service tous les jours, de Montréal aux extrémités de la province d’Ontario. Il n’y a qu’un défaut à bord de l’Union et du Magnet, c’est qu’on y mange trop. Je suis devenu énorme en moins de deux jours : les waiters[1] pourtant ne sont pas très adroits ni très vifs ; ils ont l’air idiot, mais ils finissent toujours par apporter ce qu’on leur demande : c’est le principal quand rien ne presse.
Vous quittez Québec à 7½ heures du matin ; à une heure de l’après-midi vous êtes à la Malbaie, à 5 heures à la Rivière-du-Loup, et à 7½ heures vous atteignez Tadoussac, à l’embouchure du Saguenay. Vous y êtes sans vous en apercevoir.
Quel étrange, capricieux et pittoresque petit Tadoussac ! C’est une miniature dans un cadre colossal ; tout y est imprévu. Vous ne voyez d’abord rien qu’un petit quai bâti entre deux caps qui baignent leurs pieds avec grâce dans l’eau tranquille d’une crique grande comme une soucoupe. Du quai s’élève une colline que vous montez, et alors, subitement, se révèle le village placé, on ne sait comment, au milieu d’un
- ↑ (Garçons de table).