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CHRONIQUES

fait pour une situation permanente à laquelle au fond il n’y aurait rien à changer. Adopté plus tôt, il aurait probablement donné le pouvoir aux libéraux, mais aujourd’hui il ne promet rien ou à peu près rien au pays. L’espoir de voir régler, dans un sens plutôt que dans un autre, un très petit nombre de questions, ne saurait suffire. Il n’est pas bon en effet de charger l’esprit des masses de trop d’aliments à la fois ; mais il n’en est pas moins absolument nécessaire de lui imprimer une direction ferme et précise, de donner à l’effort commun un but certain et déterminé. »

D’accord ; mais hélas ! dans un pays où l’on ne sait pas où l’on en est, il est encore plus difficile de savoir où l’on va. Notre politique est un gâchis, le statu quo une énigme ; si l’avenir peut la résoudre, aidons-le ; mais je crois qu’il vaut toujours mieux commencer par le commencement qui est aujourd’hui. La première chose à faire est de se reconnaître, de se rallier, de s’entendre, et c’est déjà un effort assez pénible, au milieu d’éléments sans liaison, pour que cela suffise amplement aux plus vives impatiences.

Je suis désespéré. On dirait que tous les peuples du monde s’entendent pour m’empêcher de faire des chroniques. J’ai devant moi une masse de journaux américains, français et canadiens ; j’ai jusqu’à des revues que je feuillète obstinément, minutieusement, eh bien ! dans ce monceau où plongent tour à tour ma main et mes regards, je ne trouve rien, absolument rien qui arrête un instant ma pensée, que deux déclarations de