Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
VOYAGES

Omaha est une petite ville de dix-huit mille âmes environ, aussi ennuyeuse qu’on peut le désirer lorsqu’on veut faire quelque temps de pénitence pour mériter le ciel. Pour moi, il me semblait que si j’avais commis beaucoup de fautes dans ma vie, l’expiation terrible que je subissais depuis mon départ du Canada suffisait amplement à me les faire pardonner. Sous ce rapport donc, il me semblait superflu d’arrêter à Omaha, mais la nécessité est une marâtre qui ne s’arrête à aucune considération.

En arrivant, voici de quoi j’étais nanti : deux petites malles qui contenaient les objets les plus rigoureusement indispensables, parmi lesquels figurait un pistolet acheté dans les circonstances les plus terribles et dont je n’aurais voulu me défaire à aucun prix, plus trois cents américains qui avaient survécu à toutes les extravagances de mon voyage. Pour me transporter à l’hôtel, il fallait payer cinquante cents à l’omnibus. Je montai dedans sans hésiter. Mais avant de descendre, le conducteur me demanda le prix de la course ; je lui dis qu’il fallait absolument que je me rendisse à l’hôtel, que je n’avais pas de monnaie sur moi, et, qu’aussitôt arrivé, je le paierais avec enthousiasme. Il s’inclina. Rendu à l’hôtel, je m’adressai directement au manager qui me donna de suite cinquante cents ; le moyen pour lui de s’imaginer qu’un homme arrivant de Californie, et s’arrêtant en route, n’avait pas le sou ! J’avais pris à dessein le premier hôtel d’Omaha, une maison presque fastueuse ; dans ces sortes