Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
CONFÉRENCES

de magnifiques débris et d’être belle encore dans son dénûment et sa déchéance, elle deviendra, aussi elle, une ville du nouveau monde, elle se tournera vers l’avenir et en aspirera le souffle puissant qui flotte sur tant de cités naissantes et déjà merveilleuses ; elle prendra sa place, éclatante et superbe, dans les splendeurs de ce monde encore inconnu et cependant si près de nous ; la cité de Champlain et de Montcalm secouera les langes épaisses de son berceau, devenu presque une tombe ; elle jettera au vent sa poussière et, sans rien perdre des gloires attachées à son nom, s’élancera dans la clarté de l’avenir, plus fière encore de ce qu’elle peut être que de ce qu’elle a été.

Nous, la génération actuelle, nous verrons le commencement de ces grandes choses, nous verrons les lueurs grandissantes de cette splendide aurore ; et, ce qui mieux vaut, nous aurons écarté les voiles qui la couvrent, nous aurons fait le grand effort pour déchirer le nuage qui s’appesantit depuis si longtemps sur nos têtes, et nous aurons livré aux générations futures, spectacle inouï, une ville enfant sortie de ruines, avec une jeunesse dont nul ne peut prévoir le terme. Pour avoir attendu un quart de siècle, Québec prendra un quart de siècle d’avance ; il suffira de vingt ans pour faire une ville nouvelle sur des remparts démolis, tristes vestiges du passé, avec de larges avenues conduisant à des campagnes rayonnantes, au lieu des tristes ruelles où nous traînons aujourd’hui péniblement nos pas. Tout le Québec de l’avenir est dans l’œuvre accomplie du Chemin de fer du Nord, et ce Québec là n’aura rien à envier au passé auquel il apportera, au contraire, une majesté nouvelle.

Maintenant que nous avons devant nous l’ensemble de