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CONFÉRENCES

Eh pardieu ! que le diable en personne vienne construire le chemin de fer du nord, et laissez-le faire. Les habitants seuls de Champlain y trouveraient à redire : pour moi, quoique le diable soit mon plus grand ennemi, je n’aurais pas d’objection à prendre de lui un sous-contrat.

Finissons-en une fois pour toutes.

L’exécution du chemin de fer du nord est maintenant entre les mains d’un homme qui offre des garanties sérieuses ; pour assurer cette exécution, le gouvernement a fait des sacrifices réels, de nature à satisfaire les capitalistes les plus exigeants. Entendons-nous, entendons-nous pour seconder cette œuvre ; ajoutons tout le poids et tout l’élan du patriotisme à l’action du gouvernement et même aux calculs intéressés. On n’obtiendra jamais qu’un entrepreneur, fût-ce même sir Hugh Allan, cet homme désintéressé au point de donner en pure perte 350, 000 dollars, s’offre en sacrifice sur l’autel de la patrie et nous fasse des chemins de fer qui le ruinent. Sachons donc être contents et satisfaits quand nous avons un entrepreneur qui remplit toutes les conditions désirables et qui, déjà, a donné pour cent-cinquante mille dollars de contrats et sous-contrats. Il me semble que c’est aller assez rondement en besogne et, qu’à moins d’être résolu à s’ensevelir sous les ruines de sa ville, on ne peut en demander davantage en si peu de temps.

Sachons voir un heureux prélude dans ce commencement, et ayons confiance pour le reste. Si notre confiance est encore une fois trompée, et bien ! nous n’aurons plus qu’à remettre notre cause à Dieu et à en appeler aux puissances célestes pour faire ce qu’il semble qu’aucune puissance humaine ne peut accomplir.