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POÉSIE.


LE PETIT CAP.


Sept hivers ont passé sur la grève déserte
Du vieux cap solitaire où je venais rêver.
Là, sous la pierre inerte,
Sous les sapins ombreux où le vent vient jeter
Les murmures du soir ; sous la mousse endormie
Qui pend comme un long crêpe aux flancs du roc brisé,
Mon âme est enfouie
Comme sous la forêt un rameau desséché,




J’erre depuis sept ans comme un flot sur la plage
Arrive, puis repart, poussé, puis repoussé,
Retournant à l’abîme et par lui rejeté,
Pour moi pas de rivage
Où reposer mon cœur ; je vais, quoique abattu,