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VOYAGES.

de fer transcontinental, augmentait tellement que le Congrès était comme assiégé, et la clameur publique devenait presque menaçante. Il fallait toutefois, avant de se lancer dans une entreprise si pleine de hasards, quelque raison décisive, quelque nécessité tellement urgente, tellement péremptoire, que le gouvernement fût forcé d’agir. C’est la guerre civile, malheureusement, qui amena cette nécessité.

La Californie, reléguée à l’extrême ouest, bien plus portée des États du Sud en révolte que de ceux du Nord, et pour ainsi dire abandonnée, penchait déjà, malgré la loyauté de son peuple, vers la séparation, et l’on parlait d’un troisième démembrement de l’Union américaine qui comprendrait plusieurs États et Territoires voisins. En face de ce danger nouveau, aussi terrible qu’imprévu, les sages comprirent enfin la nécessité de relier la côte du Pacifique avec les États de l’Est afin de pouvoir lui porter des secours rapides et soutenir sa fidélité. C’est alors, et alors seulement, qu’une charte fut accordée pour la construction d’un chemin de fer transcontinental. Le 1er juillet 1862, le président Lincoln sanctionna un acte passé par le Congrès à cet effet, et le gouvernement s’engagea à prêter à l’entreprise tout l’appui nécessaire.

Cet appui consistait en octrois de terres par sections alternatives de vingt milles sur chaque côté de la ligne, équivalant à 12,800 acres par mille. Deux compagnies s’étaient formées, la Central Pacific et la Union Pacific, et toutes deux recevaient une étendue de terre comprenant à peu près vingt-trois millions d’acres. Le gouvernement émettait en outre des bons pour trente ans à six pour cent d’intérêt, dont le produit réalisé donnait aux compagnies seize mille, trente-deux mille, et quarante-huit mille dollars