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Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/164

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graduellement de huit à dix pieds jusqu’au mois de septembre, et les pluies d’automne n’augmentent guère leur volume. D’après M. Proudfoot, géomètre d’Ontario, le niveau du Témiscamingue s’est élevé de trois pieds dans le cours des quatorze dernières années. « Certains endroits de la rive, dit-il, où naguère on coupait le foin, sont aujourd’hui submergés, du commencement à la fin de la belle saison. Comme je ne saurais témoigner de la valeur scientifique des raisons qu’on m’a données de ce fait sur les lieux, je m’abstiens de les consigner dans mon rapport. »

« L’Éden » du Témiscamingue, comme disait le Père Paradis, c’est sa partie supérieure, là où débouchent la rivière Blanche et la rivière des Quinze, celle-ci entre des rivages aux molles et fléchissantes ondulations, chargés des sucs les plus généreux de la terre et offrant aux colons les plus riants et les plus attrayants aspects. L’autre, comme l’eau qui s’échappe d’une urne trop pleine, coule à travers des prairies à moitié submergées, lourdes de leurs grasses couches d’alluvion et flottant, pour ainsi dire, comme des champs d’algues que le flot de la mer recouvre et redresse tour à tour, dans un mouvement uniforme et cadencé.

Ah ! la belle et luxuriante terre promise aux colons de l’avenir, et comme on songe en la contemplant, avec une amère et douloureuse mélancolie, à toute