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Le premier européen qui traça cette route à nos ancêtres est l’immortel Champlain lui-même qui, en 1615, après avoir remonté l’Outaouais, prit à sa gauche la rivière Mattawan, atteignit le lac Nipissingue, puis la rivière des Français, explora, selon les uns, une bonne partie des rives du lac Huron et redescendit ensuite vers le lac Ontario, cette « mer douce, » comme il l’appelle, « ce lac qui ne réfléchissait encore que les sombres forêts de ses rives solitaires, et qui baigne aujourd’hui tant de villes florissantes.[1] »

Dans cette immense solitude, peuplée seulement de quelques milliers d’hommes errant à l’aventure sous le dôme des forêts ou le long des larges cours d’eau, les grands fauves, par troupes nombreuses, les élans et les caribous au panache étagé, les animaux à fourrure de toutes les espèces couraient en liberté, des bords de l’Atlantique jusqu’à l’extrémité des grands lacs, maîtres sans partage et sans conteste d’un domaine sans limites.

Plus tard, et pendant une longue suite d’années, jusque vers le milieu du dix-neuvième siècle, on a vu de nombreuses flottilles de canots, richement chargées de pelleteries, remonter régulièrement la rivière des Français, suivre le lac Nipissingue, puis la

  1. Garneau. Histoire du Canada, 1er volume, p. 66.