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vailler, » « terre jaune légère, » et enfin « terre grise. » Celle-ci comprend ce qu’on appelle les « Prairies de castors, » pièces de terre déboisées, jadis submergées par les écluses des castors et aujourd’hui couvertes de foin.

On rencontre de ces prairies un peu partout ; elles sont pour la plupart très faciles à égoutter et à semer en mil.

Les castors étaient autrefois très nombreux dans tout le district du Nipissingue. On peut même faire remonter à plusieurs siècles leurs ingénieuses constructions aquatiques. Ces intelligents et diligents animaux élevaient des barrages sur les cours d’eau et les petites rivières, et inondaient ainsi de grandes étendues de forêts, les transformant en lagunes autour desquelles ils établissaient leurs colonies et construisaient leurs demeures à double étage. L’eau, rendue stagnante, ne tardait pas à pourrir les racines des arbres ; l’un après l’autre, lentement mais sans relâche, pendant de longues périodes de temps, ceux-ci tombaient, s’entassaient dans la lagune et la saturaient de leur matière en décomposition qui, à son tour, s’enfonçait et formait une épaisse couche inférieure de terre végétale. Avec le temps les barrages des castors étaient brisés et emportés par les inondations ; la petite rivière reprenait son cours primitif dans un lit étroit, et tout l’espace environnant était bientôt