couvert d’un luxurieux tapis de verdure et de fleurs sauvages, champ de pâturage favori des élans, des cerfs et des chevreuils, en attendant qu’il devînt plus tard un riche champ de fourrage pour le bétail du colon.
On ne saurait croire les terribles ravages accomplis par le feu sur toute la surface de cette région. Des centaines de milles y ont passé ; l’œil n’aperçoit souvent, jusqu’aux horizons les plus lointains que le regard peut atteindre, que d’immenses étendues absolument dévastées, dénudées. Les arbres, dépouillés de leurs branches, noircis, mais restés debout, pourrissent lentement dans une atmosphère éclatante et répandent un masque d’horreur sur la nature agonisant à leurs pieds. Cette forêt décharnée, grelottante, qui plonge dans ses propres cendres ses racines encore vivaces, semble crépiter et craquer encore comme si l’ardente flamme, réfugiée dans ses troncs, la dévorait mystérieusement. On dirait de loin une armée confuse de squelettes, restés debout dans la mort et brandissant sans relâche toute espèce de tronçons d’armes et des hampes de drapeaux déchiquetés.
C’est au nord du district de Nipissingue que se trouve le lac Tamacamingue, autre magnifique nappe d’eau d’une étonnante limpidité, remplie d’îles et bordée de rivages qui offrent une étrange physionomie, avec leurs montagnes à demi sorties de terre et leurs forêts à demi renaissantes sous leurs cendres.