Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/242

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Un silence, un recueillement, qui semblent imposés par quelque divinité invisible, règnent sur toute la nature environnante, au sein des bois assoupis, sur la croupe onduleuse des coteaux, et jusque dans le balancement attentif et retenu du lac.

Partout au loin la plage est muette, baignée par les flots d’azur qui s’appellent et se suivent les uns les autres comme des caresses, et par les flots d’or du soleil éclatant au milieu d’un ciel sans nuages.

Çà et là, à moitié cachée dans les buissons ou émergeant de quelque ravine à peine dessinée, apparaît une cabane d’Indien, avec son toit d’écorce et sa cheminée fumante.

Les cabanes sont au nombre d’une vingtaine, et renferment la population sauvage que les Oblats ont évangélisée et arrêtée auprès d’eux. De temps en temps, des enfants demi-nus courent sur le rivage, en jouant et s’ébattant ensemble ; des squaws, enveloppées dans leurs couvertes, s’acheminent vers la Mission pour y chercher quelque conseil ou quelque secours ; un canot débouche brusquement de la passe et vient s’attacher au petit chevalet en billots et en planches qui sert de quai, ou bien l’on voit quelqu’un des Pères se promener lentement dans le petit jardin attenant à la Mission, ou monter, recueilli, la colline