Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/272

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pour lui, qui ne l’accable pas du poids du mystère, mais semble lui ouvrir au contraire des portes innombrables vers l’infini, se sent bientôt moins pénétré de sa petitesse que de son immortelle grandeur. Sa faiblesse ne le déconcerte ni ne l’humilie : il reprend rapidement l’empire de lui-même, et sa pensée, écrasée par l’impression d’un moment, se retrouve maîtresse absolue d’elle-même et du monde qu’elle contemple.

Ainsi, perdu dans ma rêverie, en quelques minutes je venais de passer par les impressions les plus diverses, contemplant en dernier lieu un petit oiseau-mouche qui, de fleur en fleur, voletait dans le jardin de la Mission, lorsque le Père Fafard, s’avançant vers moi : « Venez, me dit-il, je vais vous montrer la chapelle, puis nous traverserons de l’autre côté, où vous verrez l’ancienne chapelle bâtie par M. Bellefeuille, le cimetière où est enterré le Père Laverlochère et le poste de la Compagnie de la baie d’Hudson. »

Aux yeux du passant qui ne voit que le côté extérieur des choses, la chapelle de la Mission ne saurait offrir le moindre intérêt. C’est tout uniment une pauvre petite construction en bois, faite avec le seul objet de réunir les Indiens le soir, à la prière, et le dimanche à la messe. Cependant, l’intérieur ne manque ni de grâce ni de proportion ; c’est que, dans tout ouvrage qu’inspire une pensée chrétienne et