fait disparaître du territoire du Saguenay et des forêts qui s’étendent en arrière de Québec. Il s’est réfugié d’abord dans la vallée du Saint-Maurice, puis dans celle de la Gatineau, et enfin dans la région du Témiscamingue, où l’on en fait un véritable massacre.
« L’orignal est le roi des ruminants fauves de l’Amérique du Nord », disait récemment un remarquable écrivain canadien, M. A.-N. Montpetit. « Il l’est par sa taille, sa masse et sa force musculaire.[1] Un panache palmé, immense, du poids de soixante à soixante-quinze livres, lui tient lieu de couronne. Autrefois il régnait sur de vastes domaines s’étendant d’un océan à l’autre, entre le 42e et le 69e degré de latitude, dont il partageait
- ↑ On en voit qui mesurent jusqu’à six pieds de hauteur à l’épaule, et qui pèsent douze cents livres. Le cou et le garrot portent une épaisse crinière. C’est un animal défiant, dont l’odorat est très développé. Le plus léger bruit lui fait prendre l’alarme.
mais dans laquelle le voyageur traverse mille rapides en sûreté. Voici comme on la conduit : chaque rameur est muni d’un léger aviron d’à peu près quatre pieds et demi de longueur, dont la moitié sert de poignée, et l’autre moitié forme le plat de l’aviron. La largeur du plat de l’aviron varie parmi les différentes tribus de cinq pouces à trois pouces et demi. Les voyageurs du Nord-Ouest préfèrent l’aviron étroit, parce qu’il est moins fatigant et par conséquent mieux adapté aux longs voyages et à un travail continu. Le rameur tient l’aviron perpendiculairement, de manière à pouvoir le plonger directement dans l’eau, et un coup d’aviron donné avec vivacité et simultanément par tous les rameurs fait littéralement sauter le canot sur la surface de l’eau. La route du canot est dirigée par le timonier, qui se sert d’un aviron ; et l’homme placé à la tête du canot aide, suivant l’occasion, le timonier