Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/297

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l’empire avec le wapiti, maintenant disparu ou refoulé du moins vers les montagnes Rocheuses.

« En dépit de la protection des lois, de la vigilance des clubs de chasse et de la sollicitude des sportsmen, le jour n’est pas éloigné où l’orignal disparaîtra de nos forêts, et, conservé dans nos musées, nos neveux le considéreront comme une curiosité des temps passés. Une loi du Nouveau-Brunswick, édictée il y a quelques années, défendit la chasse à l’orignal pendant quatre ans : la loi était bonne, mais difficile à faire respecter. Il eût fallu toute une armée de gardes-chasse disséminés dans les bois pour tenir les braconniers à distance et sauvegarder le précieux gibier de leurs coups. Si les chasseurs du Nouveau-Brunswick furent intimidés par cet édit, ceux de la province de Québec ne se gênèrent pas d’aller marauder sur les terrains de chasse de leurs voisins. Le Nouveau-Brunswick entretenait à grands frais un parc au profit des étrangers. Interdites sur ses marchés, les dépouilles des orignaux abondaient sur les nôtres. Sic vos non vobis, toujours la même histoire.

    par un coup d’aviron donné en bon temps. À la vérité, en cas de danger, comme lorsqu’il se présente soudainement une pointe de rocher, ou une pièce de bois flottante, c’est au rameur de l’avant à l’éviter. Au moyen d’un coup sec donné en côté, la marche du canot peut être soudainement changée, et si le rameur de l’avant incline beaucoup la tête d’un côté, — disons à gauche, — tandis qu’en même temps l’homme de l’arrière pousse la poupe à droite, le canot peut être amené tout à coup à angle droit avec sa marche et être lancé bien loin du péril qui le menaçait.

    En remontant les courants, ces dangers ne sont pas grands, parce que le simple arrêt des rameurs, sur le signal de l’homme de l’avant, fait prendre au canot sa route ; c’est en descendant les rapides, c’est-à-dire en chassant les courants, qu’il y a du danger. Alors règne un lugubre silence, les voyageurs cessent de nager, l’homme de l’avant veille à tout ; le timonier a les yeux attachés