Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/77

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Sait-on bien de quelle valeur énorme sont les forêts, uniquement au point de vue de la distribution des eaux de pluie, sans lesquelles toute végétation est impossible ? « Ce n’est pas, écrivait dernièrement le professeur Sargent dans la North American Review, ce n’est pas seulement comme une collection d’arbres à abattre et à mettre en madriers qu’il faut

    États-Unis ; de B. W. Phipps, commissaire des Forêts pour le gouvernement d’Ontario et de nombre d’auteurs que nous avons consultés. »

    En 1881, il a été abattu, paraît-il, dans la province de Québec, 22,274,284 arbres, seulement pour le commerce d’exportation. Si l’on compte 50 arbres à l’arpent, cela représente 445,428 arpents dénudés dans une seule année.

    Le défrichement des forêts a été conduit avec une imprévoyance désastreuse ; il a épuisé rapidement les réserves que la nature a mis des siècles à produire et qu’on ne s’est pas soucié de reconstituer. Les beaux bois de construction et de mâture sont devenus aussi rares chez nous que la culture du blé dans les anciennes paroisses. Les flancs des Laurentides se sont dénudés, et par suite, le climat, le régime des eaux et l’agriculture en ont souffert proportionnellement. Il faut déjà s’éloigner à trois cents milles de la capitale fédérale pour trouver de beaux bois de mâture : ajoutons que les incendies, causés le plus souvent par l’imprudence des bûcherons, contribuent encore à porter la destruction. Il est donc grand temps que le gouvernement s’occupe, avec une énergie inconnue jusqu’ici, de développer la colonisation sans épargne et sans restreinte, et cela au profit même de l’industrie forestière, dont elle écartera de nombreux dangers, tout en lui laissant encore un champ sans limites.

    Jusqu’à présent ce n’est pas de l’industrie forestière que bon nombre de marchands de bois ont faite, mais de la dévastation