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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

cent ans à croître, à atteindre la grosseur voulue, ce que dans le langage forestier on appelle le plein âge, arrive chez nous à maturité en moitié moins de temps. La qualité en est supérieure et le grain d’une extrême finesse.

De quels revenus ne nous privons-nous pas en négligeant d’exploiter nos forêts d’une façon convenable, en ne travaillant pas à les aménager comme on le fait en Europe ! La Prusse, l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Autriche, à force d’adresse, sont parvenues à maintenir chez elles de belles forêts qui leur fournissent de précieuses ressources et leur permettent de ne payer qu’un demi tribut à l’étranger. Leurs terres, si admirablement boisées, ne le sont que par la main de l’homme. Il n’y a pas, dans le vieux monde, une seule forêt vierge, mais tout y a été si admirablement aménagé, qu’après des siècles d’exploitation, ces pays peuvent encore, en grande partie du moins, se suffire à eux-mêmes. Quand on réfléchit qu’il y a en Europe des essences dont le prix varie de $14 à $25 la corde, on se demande comment nous ne profitons pas de la situation privilégiée qui nous est faite !

Il faut donc absolument régler la coupe du bois. Avec des coupes bien conduites on obtient tout autant et même plus de résultats lucratifs que par une destruction sans discernement et sans règle. Le tort