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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

incalculable que nous avons eu a été de livrer la forêt au commerçant, sans conditions d’aménagement et de reboisement ; mais, d’un autre côté, et c’est ici encore que l’on verra combien la colonisation est indispensable à la conservation de nos forêts, c’est qu’il eût été impossible d’imposer et de faire exécuter de pareilles conditions dans des parties du pays encore inhabitées et presque inaccessibles.

Quel beau jour ce sera que celui où, grâce à la législation sage, généreuse et ferme à la fois, inaugurée par le nouveau commissaire des Terres, l’honorable M. George Duhamel, nous verrons s’ouvrir sous la charrue du défricheur nos larges et fertiles terres vierges aujourd’hui dévastées par deux fléaux, par les incendies et les vastes abattages des bûcherons au service des soi-disant marchands de bois ! Quel beau jour que celui où il nous sera enfin permis d’attendre, sans nous faire illusion, le retour préparé sur la terre de la patrie de ces milliers de fils et de frères qui émigrent tous les ans aux États-Unis, dont la plupart voudraient bien revenir, mais qui ne le peuvent, parce que le domaine public leur est fermé, parce qu’il n’y a pas un pied de terre portant un arbre qui ne soit accaparé d’avance par les exploiteurs de bois, parce que nous n’aurions rien de mieux à leur offrir que l’état de choses même qui les a forcés à s’expatrier !