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L’ANCIEN ET LE FUTUR


QUÉBEC

I.


Messieurs,


J’ai guère plus d’une heure à vous parler, et j’ai à faire dérouler devant vous, au pas de course, l’histoire de plus de deux siècles et demi. Les faits passeront devant vous, rapides, sans répit, sans intervalles, comme des flots qu’un vent impétueux pousse les uns sur les autres ; seulement, les flots viennent toujours se briser soit sur le rivage, soit sur les écueils, tandis que notre histoire grandit et s’élève toujours ; nous aborderons avec Champlain au pied du roc de Stadacona en 1608, et nous monterons avec Lord Dufferin jusqu’au sommet de ce roc en 1876, et nous en ferons le tour en embrassant toute une ville là où il n’y avait, il y a deux cents ans, qu’une épaisse et sauvage forêt.

Champlain eût-il pu prévoir, lorsqu’il débarqua sur ce rocher farouche, hérissé, menaçant, qui semblait devoir l’éloigner au lieu de l’attirer, que ce même rocher serait un jour l’enjeu des deux nations civilisatrices du monde, que de sa possession dépendrait le sort de ces deux nations sur le vaste continent qui est devenu l’héritage des jeunes peuples ? Oui, messieurs, pendant cent cinquante ans, la lutte a été non seulement pour la domination, mais pour