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la province de Québec

occupant enfin l’embouchure de ce fleuve, la province de Québec en tient pour ainsi dire les portes et la clef, et nulle importation, nulle exportation ne se fait d’Europe au Canada, ou du Canada en Europe, sans passer par les ports de Québec ou de Montréal.

Cette situation privilégiée assure à la province de Québec près de la moitié du commerce total du Dominion.

* * *

Et maintenant, que dire de la navigation fluviale intérieure ? Aucun pays au monde ne présente d’aussi nombreux et importants cours d’eau, distribués comme d’après un plan conçu d’avance, d’une si admirable disposition, d’une synthèse si bien ordonnée, que l’on peut retracer aisément le rôle que chaque rivière, même de dimension modeste, doit jouer dans la circulation générale. En creusant à travers la province de Québec l’entaille profonde de son lit, le Saint-Laurent ne l’a pas divisée en deux moitiés égales, loin de là ; l’une, la rive sud, n’est qu’une bande de terrain étroite, par endroits même ne dépassant pas vingt-cinq kilomètres de largeur, qui s’interpose entre la rive du fleuve et la frontière des États-Unis ; l’autre, la rive nord, s’étend à travers d’innombrables lacs, sur une largeur de neuf cents kilomètres, rayée en tous sens par des affluents nombreux qui charrient la dépouille des forêts et portent la vie, des limites les plus reculées jusqu’au cœur des régions qu’animent le commerce et l’industrie.