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la province de québec

nada est le vent polaire, soufflant dans la direction du nord-est au sud-ouest, c’est-à-dire, précisément dans l’entonnoir que présente le golfe Saint-Laurent. Les autres courants aériens venus des régions arctiques, du nord ou du nord-ouest, ne trouvent guère d’obstacles dans la traversée du Labrador et des Laurentides, tandis que les vents du sud-est, ceux qui apportent les tièdes effluves de la mer des Antilles, sont plus facilement détournés de leur marche par les montagnes bordières du bas Saint-Laurent et par les chaînes de la Nouvelle-Angleterre. » (Elisée Reclus.)

La province de Québec étant moins soumise à l’influence de la mer, les saisons intermédiaires y sont moins marquées, mais l’hiver et l’été y sont plus soutenus. Le printemps, l’automne passent rapidement ; la vie se révèle par explosion dans les forêts après le long hiver, et presque aussi brusquement, après un court mais délicieux automne, comme le sommeil des plantes. Le cycle entier de la flore s’est accompli en quatre ou cinq mois, de la fin de mai à la première quinzaine d’octobre. Dès qu’elles sont tombées, vers les premiers jours de décembre, les neiges restent sans se fondre et durcissent peu à peu. Grâce à cette couche protectrice, les plantes sont à l’abri de la gelée et du brusque dégel qui les menaceraient sous un climat moins rude ; la neige abrite même les maisons contre le froid.

« Quand la terre fertile du Canada s’est enfin débarrassée de l’étreinte inexorable de l’hiver, l’herbe renaît sous la neige fondante dont la nappe blanche, bientôt déchirée, laisse entrevoir la couleur tendre