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exploitation forestière

d’un quart de siècle. Ce fléau, néanmoins, est impuissant lui-même à diminuer, d’une façon sensible, l’immense domaine forestier de la province : dans les brûlés, tel est le nom donné par les Canadiens aux espaces dévorés par le feu, le bois reprend peu à peu le dessus, et, en moins d’une vingtaine d’années, une nouvelle pousse verdoyante et abondante recouvre le sinistre cimetière où, quelques années auparavant, se dressaient les noirs squelettes des arbres calcinés.


VIII


La province de Québec est à vrai dire la patrie du sapin et de l’épinette grise, rouge ou noire, trois variétés également profitables à l’industrie moderne. L’épinette excède de beaucoup le pin, tant au point de vue de la quantité que des étendues qu’elle recouvre. En outre, les forêts de conifères ont sur la pinière l’immense avantage de repousser rapidement, après avoir été abattues. Vingt ans leur suffisent pour cela, tandis qu’une forêt de pins est définitivement sacrifiée, lorsqu’elle a passé sous la main du bûcheron.

La province de Québec ne possède pas seulement des forêts plus considérables que celles de tout autre pays au monde, la Russie comprise, comme on le verra plus loin par quelques comparaisons faites entre cette province et les pays les plus producteurs de bois de l’Europe ; mais ses forêts sont encore remarquables par la grande variété de leurs essences. D’après une liste préparée avec soin par le ministère de l’Agriculture on en compte plus d’une centaine