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Maintenant, M. le curé Boucher ou M. l’abbé Lapierre, n’importe, voudront-ils bien me rendre le service de faire faire une petite enquête sur tout ce que je dis là ?


CORRESPONDANCE


M. le Rédacteur

J’arrive du comté de Verchères, où j’ai passé quelque temps pour les affaires d’une certaine maison de notre ville. Figurez-vous ce que j’y ai vu. Il paraît que M. Desautels, curé de Verchères, (quelques-uns l’appellent Monseigneur, je ne sais diable pas pourquoi), étant dernièrement en Europe, tout épris d’amour pour ses bons habitants, se serait passé la fantaisie de leur acheter un saint de cire. Il est aussi vieux que Notre Seigneur, dit-on. Arrivé avec son trésor à Varennes, les habitants le refusent, vu que leur paroisse est sous le patronage du beau sexe. Grande consternation ! On verse des pleurs. Le curé s’aperçoit de sa sottise.

S’il eut pris une sainte, tout allait bien. On vend le saint à la paroisse de Verchères pour $200, c’est-à-dire que le curé de Verchères l’a acheté. Il a pris l’argent dans la caisse publique pour le payer. Il doit rembourser par des quêtes qu’il fera… On progresse, on progresse, que diable ! J’espère bien que, dans quelques années, chaque paroisse aura sa demi-douzaine de saints des deux sexes. Dites donc, à présent, qu’on ne vit pas bien en Canada. J’ai cependant observé dans le comté de Verchères une chose qui me fait croire que l’ombre des saints ne donne pas à manger ; car il se fait là une émigration effrayante vers la Nouvelle Angleterre. Lors de mon séjour dans le comté, chaque steamer emportait des familles entières du côté des États-Unis, pays que la Providence a maudit en le comblant de richesses.

Un Voyageur

Derniers détails sur le saint importé à Varennes.

Il s’appelle St Vital : il est parfaitement ciré, et il a déjà fait un miracle.

Une brave femme, souffrant d’un œil, est allée lui frotter le mollet avec un bouquet, puis s’est passé le bouquet sur l’œil.

Elle en a éprouvé un grand bien.

Je prédis à St Vital qu’il paiera avant longtemps et au centuple ses frais de transport et d’installation.

RECTIFICATION

Dans le No 4 de la Lanterne, j’ai dit que le collège Morrin, de Québec, avait été fondé moyennant un legs de 8000 dollars laissé par le docteur Morrin.