la même efficacité que l’original ? Un bon catholique peut avoir des doutes là-dessus, et quand il s’agit du salut de son âme, il convient d’être bien renseigné.
Mais il n’est plus permis d’avoir la moindre incertitude en présence de faits irrécusables comme les suivants, rapportés dans le petit livre cité, plus haut : « Une femme en travail d’enfant, ayant été abandonnée des médecins et de tout le monde, a été délivrée par la vertu du Saint Suaire. Un charpentier, faisant un bâtiment, tomba du faîte jusque sur les fondements (quels fondements ?) sans se faire le moindre mal, et retourna de suite à son travail par le Saint Suaire. » (P. 16.)
Comment lire ces miracles sans répandre des larmes sur le sort de tant de femmes mortes, parce qu’elles ne portaient pas le Saint Suaire ?
Ce Saint Suaire, à part toutes les grâces merveilleuses qu’il prodigue, a encore le don de vous transférer des indulgences.
Oh ! les indulgences. Gardez-vous de les dédaigner, celles qui se vendent surtout. Grâce à elles, on devient blanc comme neige, après les plus abominables forfaits.
À ce propos, il me revient heureusement en mémoire le texte d’une des lettres d’absolution que le pape Léon X chargeait les moines de vendre au 16e siècle. Il y en avait pour les petits péchés ; celles-là coûtaient moins cher ; il y en avait pour les grands péchés, et comme à cette époque de violences, de désorganisation sociale, de force et de perfidie, d’absence complète de police et de justice, la moitié des hommes étaient des scélérats, les amateurs de perfection peuvent juger combien étaient nombreux ceux qui achetaient les grandes lettres d’absolution, et combien elles servaient à multiplier les crimes. En voici un modèle :
« Que Notre-Seigneur Jésus-Christ ait pitié de toi, qu’il t’absolve par les mérites de sa très-sainte passion. Et moi, en vertu de la puissance apostolique qui m’a été confiée, je t’absous de toutes les censures ecclésiastiques, jugements et peines que tu as pu mériter ; de plus, de tous les excès, péchés ou crimes que tu as pu commettre, quelque grands et énormes qu’ils puissent être, et pour quelque cause que ce soit, fûssent-ils même réservés à notre Saint Père le Pape et au Siège Apostolique (tels que bestialités, le péché contre nature, le paricide ou l’inceste ;) j’efface toutes les traces d’inhabilité, toutes les notes d’infamie que tu aurais pu t’attirer en cette occasion ; je te remets les peines que tu aurais pu endurer dans le purgatoire ; je te rends de nouveau participant des sacrements de l’église ; je t’incorpore derechef dans la communion des saints ; je te rétablis dans l’innocence et la pureté dans lesquelles tu as été à l’heure de ton baptême, en sorte qu’au moment de ta mort, la porte par laquelle on entre dans le lieu des tourments et des peines te sera fermée, et qu’au contraire, la porte qui conduit au paradis de la joie te sera ouverte, et si tu ne