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souscrit pour amortir la dette de l’Institut Canadien, il se trouvait 44 Anglais et 28 Canadiens seulement ; et elle déclarait que l’Institut serait bientôt noyé dans l’élément protestant, s’il ne l’était déjà.

Je lui répondis alors humblement, — car j’étais anéanti du coup qu’elle nous avait porté — que les protestants de l’Institut valaient infiniment mieux que les catholiques de la Minerve, ne fût-ce que pour l’intelligence… que les protestants souscripteurs avaient eu le bon sens de ne pas demander si l’Institut était catholique, luthérien, mahométan ou juif ; qu’ils avaient souscrit pour une institution publique, sachant, eux qui ne lisent pas la Minerve, que la vraie gloire d’une ville est celle que lui donnent les institutions de ce genre… que c’était tout naturel que la Minerve se flattât de ce que 28 Canadiens seulement eûssent souscrit à l’Institut, qu’en effet l’ignorance de notre peuple était pour elle une question d’existence, la Minerve et avec elle le Nouveau-Monde étant évidemment impossibles parmi une population éclairée…

Eh bien ! figurez-vous maintenant que la Minerve contenait ce qui suit dans son numéro du 14 courant :

« Quand le directeur spirituel de l’Union Catholique se met en rapport avec la Gazette, le Herald ou le News pour obtenir d’eux une mention favorable, au lieu de nous en formaliser, ne sommes-nous pas fiers de voir l’éloge d’une telle œuvre portée devant leur public, et nous savons que par ce moyen l’Union Catholique a reçu des dons considérables de protestants, a bénéficié de l’assistance protestante (quel style) à des concerts. »

Si cela continue, je serai obligé de me faire turc pour avoir quelque chose à dire contre cette Union Catholique qui se soutient par des dons de protestants.

Je vois dans le Telegraph de Toronto qu’un sourd muet a recouvré la parole et l’ouïe sans attouchement et sans huile de Notre-Dame-de-Pitié. C’est un scandale, ceci.

Il ne devrait pas être permis à un protestant de recouvrer ses sens. Oh ! si c’eût été un catholique, quel joli petit miracle on nous faisait, et quelles huiles sortaient de toutes les fioles !

Si quelqu’un s’avise encore de se guérir sans la permission du Nouveau-Monde, je le dénonce.

L’Ordre demandait à ses abonnés ces jours-ci de lui repasser plusieurs numéros égarés de sa collection.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Pendant deux jours, l’Ordre se vit assiégé d’abonnés qui arrivaient les uns sur les autres ; c’était à qui serait le plus pressé de remettre les numéros en question.

Ceux qui ne purent venir s’excusèrent en disant qu’ils avaient jeté ou brûlé les dits numéros.