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On n’ose pas dire aux jeunes religieux qu’ils épouseront la vierge Marie, placée déjà au ciel entre saint Joseph et le Saint-Esprit, mais il est certain que cela entre dans leurs rêveries mystiques.

Saint Aquilin était homme de guerre. Au retour d’une longue absence, il vit sa femme venir au devant de lui et lui apprendre qu’elle avait fait vœu, s’il revenait saint et sauf, de vivre avec lui pendant un an dans une continence absolue. « Je n’aurais pas osé vous le proposer, dit-il ; mais puisque vous allez au devant de ce vœu, pourquoi ne pratiquerions-nous pas éternellement cette continence si agréable à Dieu. »

Jusque-là c’est assez spirituel, mais je comprends moins la prière qu’il adressa à Dieu de le rendre aveugle, ce qu’il obtint ; et « Dieu, dit Surius, auteur de sa vie, éleva cette lampe sur le chandelier » en le faisant nommer évêque. Il fut un des nombreux directeurs de sainte Thérèse.

C’est saint Jérôme qui a écrit la vie de sainte Paule, veuve. « Elle donnait beaucoup aux pauvres, dit-il ; elle n’avait de la dureté que pour ses enfants ; elle les dépouillait pour revêtir les pauvres. » Il lui arriva de faire connaissance avec saint Épiphane et Paulin d’Antioche. « La vertu et les sages discours de ces saints prélats, — dit saint Jérôme, ayant encore enflammé davantage l’ardeur de sainte Paule, elle annonça la résolution d’aller prier au désert. » Elle quitta ses enfants, « qu’elle aimait tendrement, » et leur dit adieu sans verser une larme (textuel) ; elle emmena sa fille Eutoquie et alla voir à Chypre saint Épiphane et Paulin à Antioche.

« Sa vertu lui attira un très-grand nombre de saintes vierges, récompense que Dieu voulut donner à la foi de cette mère admirable qui avait, pour lui, renoncé à ses enfants propres (textuel) ; « elle fonda trois monastères de filles et un monastère d’hommes. Ces filles, sous sa direction, « ne se servaient de linge que pour se laver les mains. » Sainte Paule affaiblissait leur corps par de grands jeûnes, préférant la santé de leur esprit à la santé de leur estomac. » Elle leur disait que « que l’extrême propreté du corps était la saleté de l’âme. » (textuel)