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termination de deux millions de Péruviens dans les mines, dans les cachots, dans les supplices.

De ceux qui restaient, on a réussi à faire des néophytes ; mais quel peuple dégradé, abâtardi, superstitieux, fétichiste !

Voilà ce que l’union de l’église et de l’État a fait au Pérou.

Assez pour aujourd’hui. La patience est la vertu des nations, mais elle n’est pas toujours celle des individus. Aussi ne veux-je pas trop compter sur celle de mes lecteurs, malgré qu’il m’en aient témoigné depuis trois mois.

J’ajouterai cependant au présent numéro la communication suivante que je reçois à l’instant :

La « Gazette des Campagnes » a reçu de la chambre d’agriculture de la province de Québec plusieurs subventions s’élevant, depuis sa création, à $1,600, à la condition expresse d’être exclusivement agricole et de ne pas traiter de questions politiques.

Le dernière subvention est du mois de Mai 1868 et de la valeur de $400.

L’abbé Pilote, le directeur de la Gazette des Campagnes, se prétend membre de la Chambre d’Agriculture du Bas-Canada depuis huit ans, sous le faux prétexte qu’il est professeur d’agriculture. Il a pris part à tous les votes d’argent, empoché ses allocations de voyage et de dépenses occasionnées par sa présence illégale aux assemblées de la Chambre d’Agriculture, lesquelles allocations s’élèvent au chiffre approximatif de $600. — Cependant il est parfaitement connu que l’abbé Pilote n’est pas professeur d’agriculture et ne l’a jamais été. »

Qu’à cela ne tienne. L’abbé Pilote, en sa qualité de prêtre, est tout ce qu’il veut et empoche tout ce qu’il veut.

Je l’ai déjà dit : Les prêtres et moi, nous sommes les seuls qui, en Canada, faisons fi du Qu’en dira-t-on. Seulement, je ne me suis pas encore prétendu membre de la Chambre d’Agriculture, j’ai eu tort ; je n’avais qu’à enseigner que les tremblements de terre sont dus aux iniquités des hommes et j’aurais eu droit de voyager et de manger pour rien.

Le Grandissine, l’Illustrissime, l’Infaillibilissime, le Grâcissime, le Richissime, et le Sime, Simc, Évêquissime de Montréal, est parti pour Rome…issime.

C’est la saison des tempêtes et des ouragans conjurés. Mais semblable à

« Celui qui met un frein à la fureur des flots Et qui sait des méchants arrêter les complots, »

Il se tournera vers l’océan furibond et, de ce geste renversantissime qui en impose à la foule hébétée, il lui commandera de rentrer dans son repos ; il lui fera voir Sa Grandeur qui n’entend pas badinage, et l’abîme soulevé s’affaissera comme un article de l’Ordre qui n’a pas été approuvé d’avance.