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Quel besoin a-t-il de ce concile, l’habitant des campagnes qui va à la messe tous les dimanches, vote comme son curé le lui dit, paie sa dîme régulièrement, achète des saints cirés et se cotise avec ses co-paroissiens pour offrir des présents à la sainte Vierge ?

Quel besoin en a l’habitant des villes qui passe son temps dans les retraites, dans les unions, dans les confréries, les archiconfréries, les neuvaines, les quarante heures, les adorations perpétuelles, les sacristies et les confessionnaux ?

Assurément, il y en a assez dans tout cela pour faire son salut !

Continuons.

« En vous mettant ainsi à contribution aussi généreusement que possible, vous aurez l’honneur incomparable de vous associer aux nobles et généreux sacrifices que vont s’imposer les bons chrétiens du monde entier. On va en effet voir des yeux l’accomplissement de cette belle prophétie d’Isaïe, annonçant d’avance les secours que vont porter les peuples à l’Église, qui est la véritable Jérusalem sur la terre ; dont l’ancienne Jérusalem, capitale de la Judée, n’était que l’ombre et la figure.

« Alors vous verrez, ô Jérusalem, » dit le prophète, dans son ravissement, « vous verrez avec joie cette multitude d’enfants, vous serez dans une abondance qui vous surprendra ; votre cœur s’étonnera et se répandra hors de lui-même, lorsque vous serez comblée des richesses de la mer, et que tout ce qu’il y a de grand dans les nations viendra à vous. Tous viendront de Saba vous apporter l’or et l’encens, et publier les ouvrages du Seigneur. » Isaie 60, 5, 6.

Libre à Monseigneur de trouver que Rome est Jérusalem, et que Saba est le Canada. Mais je veux bien que le diable m’emporte si les prophètes, qui vivaient il y a trois mille ans, ont pensé au concile œcunémique qui aura lieu en 1869.

Mais pour avoir de l’argent, l’évêque de Montréal nous apprendrait que Noé, en sortant de l’arche, débarqua dans son diocèse, à Varennes, par exemple, où est saint Vital, et que, sur les conseils de son chapelain, il y laissa ses bottes et son casque, dans l’espoir que les futurs habitants du Canada se cotiseraient pour faire présent à leur évêque de cette relique sacrée.

Je poursuis.

« Ces considérations vous feront plus que jamais comprendre le bonheur que vous avez de pouvoir contribuer si facilement au denier de saint Pierre : et vous vous ranimerez d’une nouvelle ardeur pour cette œuvre si catholique et si propre d’ailleurs à attirer sur vous et vos enfants les plus abondantes bénédictions. N’oubliez pas que si chacun, dans ce diocèse, donnait, l’un portant l’autre, seulement