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vingt sous par année, nous aurions une riche offrande à faire à notre Père commun et nous ne nous en apercevrions que par des grâces toujours nouvelles et surabondantes. »

C’est précisément là le hic. On est toujours pour s’en apercevoir, mais on ne s’en aperçoit jamais.

« Faites-en l’essai, (Oui, encore un petit coup, là, envoyez ;) N. T. C. F, et vous comprendrez, par une heureuse expérience, que Dieu ne se laisse jamais vaincre en générosité. »

Ceci, par exemple, c’est de la blague.

L’heureuse expérience pour les Canadiens a consisté à être tondus depuis cinquante ans, à payer tout ce que leur demandaient les prêtres, et loin que Dieu ait voulu les vaincre en générosité, il les a laissés se plonger de plus en plus dans la misère.

Il faut en conclure que Dieu en veut aux papes presque autant que moi, et qu’il s’en venge sur ceux qui les soutiennent.

J’admire tout de même cette habitude que les prêtres ont, depuis un temps immémorial, de ne faire faire de bonnes actions à Dieu que lorsque les hommes lui en ont donné l’exemple.

Ensuite, c’est pour les zouaves que monseigneur Ignace veut de l’argent.

« Si cet appel a le succès que Nous en attendons, Nous nous regarderons comme très heureux de pouvoir porter votre offrande à Rome et de la remettre entre les mains de vos chers enfants, pour qu’eux-mêmes la déposent aux pieds du Saint-Père, qui les a déjà honorés de ses caresses vraiment paternelles. Comme ils se trouveront heureux de pouvoir se réunir en corps auprès de cet immortel Pontife et de lui dire, dans les transports de leur affection filiale :

« Très Saint-Père, daignez nous bénir tous, nos pères et nos mères, nos frères et nos sœurs, nos parents et nos amis, nos pasteurs et nos concitoyens, en un mot tout notre cher Canada, et accepter en même temps ce tribut, qui n’est qu’une bien faible expression de leur amour et de leur vénération pour votre personne sacrée. Ils se considèrent comme si honorés et si heureux de nous voir engagés au service du St-Siège, pour la défense du patrimoine de St-Pierre, qu’ils ont voulu se charger de faire, autant qu’il était en eux, les frais de notre entretien, pendant les deux années de notre enrôlement dans votre noble et généreuse armée. Ce qu’ils désirent uniquement, ces chers parents, ces bons concitoyens, c’est que, par notre bonne conduite, nous puissions faire honneur au nom canadien et mériter toujours les bénédictions de Votre Sainteté.

« Nous croyons devoir ajouter qu’une partie du tribut que nous offrons à Votre Sainteté est le produit des épargnes de nos mères chéries, de nos bonnes sœurs et de nos jeunes concitoyennes, qui, pour se conformer à Votre vénérable décret, concernant le costume des