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LA LANTERNE


No 15



Je soutiens que l’évêque de Montréal n’est pas le représentant du Christ.

En effet, le Christ, sur la montagne, ne disait-il pas aux pharisiens avides de lui témoigner leur empressement pour sa personne :

« Ce ne sont pas ceux qui m’interpellent « Seigneur, Seigneur, » qui iront dans le royaume des élus, mais ceux qui font la volonté de mon père qui est dans les cieux. »

Or, l’évêque de Montréal se laisse appeler, par les pharisiens du Nouveau-Monde et de l’Ordre, non-seulement Seigneur, mais Monseigneur (ce qui indique une servitude personnelle), mais Sa Grandeur, Sa Grâce, l’Illustrissime, le Révérendissimo, rivalisant en cela avec l’évêque Larocque, l’insatiable de titres, qui finira par se faire appeler le Logissime, pour la quantité de logements où il s’installe.

Plus le Nouveau-Monde accable l’évêque Bourget d’issimes, plus le dit évêque accable le Nouveau-Monde de bénédictions.

D’où je conclus que l’évêque de Montréal est un hérétique.

Le pape Pie IX, glorieusement régnant, c’est-à-dire régnant par l’aumône et le chassepot, a conféré à Mgr. Ignace le privilège extraordinaire de distribuer des bénédictions dans les églises de son diocèse.

L’évêque a débuté par la chapelle de son évêché — charité bien ordonnée commence par soi — et il a fini par l’église de Saint-Pierre, dimanche dernier, après avoir passé par celle des Jésuites.