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Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/217

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attendent qu’il y ait un certain nombre de fautes commises, afin d’avoir une raison d’assommer l’élève du coup). Quant aux mauvais traitements, on les a exagérés. La preuve que je ne tenais pas l’enfant bien fort, c’est qu’il m’a échappé au moment où il avait reçu seulement de quatre à cinq coups. Je reconnais m’être trompé en recourant à ce moyen ; je regrette d’avoir frappé plus et plus fort que je n’aurais dû et voulu, car je voulais moins donner à l’enfant une correction sensible qu’une correction humiliante ; mais j’ai agi de bonne foi.

De bonne foi m’attendrit. Je commence à me réconcilier avec Commire, l’exécuteur.

Ainsi, il a déchiré, étouffé, ensanglanté Ségéral de bonne foi ; imaginez-vous un peu ce qu’il aurait fait, s’il eût été de mauvaise foi !

Voilà que ça devient comique, maintenant.

Après tout, ce Commire me fait l’effet d’être un imbécile. Il y a des imbéciles, remarquez-le bien, jusque chez les Jésuites, les plus fins des hommes. Mais ceux d’entre eux qui sont imbéciles sont les gens de bonne foi ; les autres sont de mauvaise foi.

« D. — En frappant le jeune Ségéral, vous avez obéi, n’est-ce pas, à un ordre du P. de la Judie et rempli un devoir de votre charge ?

— R. Non ; monsieur. Je n’avais pas reçu d’ordre du P. de la Judie. J’ai infligé la correction après entente avec ce Père, mais sans ordre de sa part. »

Il commence à se raffiner. Le voilà presque aussi fort que celui qui acceptait en demandant.

C’est gentil tout de même cette façon d’expliquer un ordre qu’on a reçu. On appelle cela une entente. Il lui répugne à ce fier Commire de dire qu’il obéit à un autre ; il dit qu’il ne fait que s’entendre avec son supérieur.

Quel grand caractère !

D. — Mais le P. de la Judie est votre supérieur. Il n’a donc pas à s’entendre avec vous. Il vous donne des ordres que vous exécutez ?

— R. Le P. de la Judie est sans doute le préfet des études ; mais pour une correction de ce genre, la hiérarchie n’existe pas ; (elle n’existe que dans les instruments dont on se sert : par exemple, quand c’est un gaillard qui a un cuir de crocodile, comme Montfort, on lui tire des coups de canon sur le nez) aucun ordre ne m’a été donné, et l’on m’en aurait donné un, que j’aurais été parfaitement en droit de ne pas y