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Voyant qu’ils ne pouvaient me faire abandonner la Lanterne par l’intimidation, l’ostracisme dont je suis frappé dans ma bonne ville de Montréal et les persécutions de toutes sortes dirigées sous main contre moi, les représentants de Dieu sur la terre font dire aux sacristains, aux congréganistes, aux bedeaux et aux cuistres que la Lanterne se meurt, que je ne puis plus la nourrir, faute de fonds ou de matière.

La Lanterne est immortelle, immortelle, entendez-vous bien ! Non seulement elle vivra tant que je vivrai, mais encore elle me survivra.

J’ai tout ce qu’il faut, non seulement pour l’entretenir, mais encore pour lui procurer toute espèce de jouissances de luxe.

Je ne lui refuse rien. C’est mon enfant bien-aimé, ma progéniture, comme dit la Gazette des Campagnes.

Quoi ! moi, laisser mourir mon enfant dans mes bras !

Venez, si vous l’osez, le ravir à son père…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Amis lecteurs, et vous, ennemis bienveillants qui seriez désolés de voir tomber la Lanterne, quoique vous ne l’approuviez pas, rassurez-vous.

La Lanterne croît et grandit tous les jours, par le nombre des abonnés, par l’intérêt qu’elle inspire et surtout par la haine qu’on lui porte.

Elle pénètre jusque dans les plus reculées campagnes, et les curés ont beau prêcher contre elle en pleine chaire, l’espionnage a beau s’installer en Torquemada jusque dans les bureaux de poste, j’arrive, j’éclaire et je vaincs.

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