M. Chapleau fait un petit discours à longues phrases pour renverser le ministère, en démontrant que le sentiment monarchique est profondément gravé dans le cœur des Canadiens.
Un autre député se lève et demande si c’est l’intention du gouvernement de présenter un bill sur la fabrication des souricières.
Un quatrième annonce qu’il présentera une pétition, de la part des maringouins, contre l’établissement d’un chemin de fer dans les forêts de Terrebonne.
La toquade du député de Saint-Hyacinthe est de présenter des pétitions de Canadiens qui demandent à revenir des États-Unis en Canada.
Chaque fois qu’il présente cette pétition, et il en a déjà présenté quatre ou cinq, des tonnerres d’applaudissements éclatent dans la salle.
Le ministre de l’agriculture se lève, mais l’émotion le gagne tellement qu’il se rassied. Jamais il ne fut si éloquent.
Une voix ; « Mais si nos compatriotes émigrés veulent revenir en Canada, qui donc les en empêche ? quel besoin ont-ils de pétitionner pour cela ?… »
M. le député de Saint-Hyacinthe interloqué, pris à court, stupéfait de cette question, regarde, ouvre la bouche, étend les bras, se secoue comme un chien mouillé et tombe à la renverse sur son siège.
M. Bellerose, formé dès longtemps à la logique, dit qu’il est en faveur du double mandat, parce que les députés, n’ayant rien du tout à faire comme simples mandataires, auront deux fois plus d’ouvrage comme double-mandataires, et qu’ainsi le pays en aura pour son argent.
Puis la séance est levée dès que M. Bachand a eu le temps de recevoir un verre d’eau.
À la séance suivante, le député de Saint-Hyacinthe donne une répétition de ses pétitions antérieures, et la Chambre applaudit.
Où voit-on dans tout cela une mesure, une seule qui révèle des législateurs ?
Et cependant il y a une foule énorme de choses à faire, d’abus à corriger.
Le fait est qu’il y a tout à faire dans notre pays.
Ah ! les Anglais nous ont joué un rude tour avec la Confédération qui a fait du Bas-Canada une province séparée ayant son parlement propre.