Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/307

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Garant ; nous attendons la troisième prochainement, car il paraît qu’il fait son affaire admirablement de cette façon-là. C’est toujours au profit de son église, comprenez-le bien.

Cependant l’apparition des nouveaux achats n’a pas eu lieu encore et je commence à en désespérer. Il est bon que vous sachiez que tout cela se fait dans le soubassement de l’église. La profanation du lieu saint n’est qu’un petit péché bien véniel dès lors qu’il porte bénéfice aux marchands de bénédictions. Cependant je crois que si le Christ revenait une seconde fois sur la terre, il lui faudrait de nouveau s’armer de son fouet pour chasser ceux qui changent ainsi son temple en cirque et en restaurant.

Je suis sincèrement
Votre tout dévoué,
Un Ami de la Lumière.

CARÊME


Le carême n’est pas particulier aux chrétiens. Les Indous, adorateurs de Brahma, ont, depuis la plus haute antiquité, des pratiques analogues. Le magisme, religion des Perses, prescrit des jeûnes et des abstinences. Le bouddhisme, qui est établi depuis plus de mille ans avant notre ère et qui régit 200 millions d’habitants dans la Mongolie, le Thibet, la Corée, la Chine, le Japon, offre non seulement en ce point, mais encore en beaucoup d’autres, une grande similitude avec la discipline chrétienne. On s’accorde généralement à reconnaître que le carême répond à une coutume universelle, introduite par les législateurs religieux, soit pour habituer l’homme à exercer l’empire sur lui même, soit dans l’intérêt de sa santé, soit aussi pour la conservation de certains animaux à l’époque de leurs amours.

Au concile de Nicée, le carême est, pour la première fois, l’objet d’une disposition légale de la part de l’Église. Ce n’est pas qu’on l’ait institué alors ; au contraire, l’assemblée des évêques le reconnaît comme établi généralement et depuis longtemps. De l’avis de plusieurs Pères, le carême est d’institution apostolique, c’est-à-dire rapporté aux apôtres à cause de son ancienneté et de l’incertitude où l’on était de son origine. On le considère aussi comme une imitation, du jeûne de Jésus-Christ dans le désert. Primitivement, dans l’Église latine, le carême paraît n’avoir été que de trente-six jours, bien qu’il soit désigné sous le nom de tessarakostê (quarantaine) par le concile de Nicée. Ce ne fut que vers le IXe siècle que le jeûne de quarante jours fut observé d’une manière générale et précise. En Orient, le carême commençait sept semaines avant Pâques, mais il n’était obligatoire que cinq jours chaque semaine, et dans certaines contrées il se réduisit de beaucoup. L’Église grecque a toujours prescrit une abstinence plus rigoureuse que l’Église latine. Elle défendit l’usage des œufs, du poisson, du laitage et de l’huile. La propension des Orientaux à se montrer plus austères dans l’observance du