Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
318

moutons n’en reçurent dans une heure. Les mains délicates et blanches de la Romaine à l’œil brillant, de l’Allemande au regard langoureux, de l’Américaine à l’air insouciant, de la belle Anglaise à la blonde chevelure, toutes ces mains innocentes passèrent successivement sur le dos de ces deux petits princes qui, tout émerveillés de tant de politesse et ne sachant comment remercier ces estimables demoiselles, remuaient la… (oui on comprend ; c’est ce que les dévots « aux petits manteaux » remuent si souvent) et faisaient entendre ce cri si vibrant des gens de leur espèce, (et de votre espèce) mais !…  »

Je me suis rendu hier au bazar de la Maison Protestante d’industrie et de Refuge.

Là, j’ai appris de la bouche d’une des charmantes dames patronesses ce fait incroyable pour un catholique.

La Maison d’Industrie a été fondée pour donner de l’ouvrage aux pauvres. Cet ouvrage leur est payé le double de ce qu’ils en auraient d’un négociant ou d’un industriel. Tous les ans, les articles confectionnés par les pauvres sont mis en vente à un bazar, et le produit sert à acheter de nouveaux objets que les pauvres reviendront prendre pour les travailler.

J’ai songé de suite aux Sœurs de la Providence qui, non seulement privent les pauvres femmes et filles du peuple de l’ouvrage qu’elles trouveraient dans les magasins, mais encore les forcent à venir en chercher chez elles et leur paient deux sous et demi par jour, pour travailler de 7 heures du matin à 6 heures du soir.

Ainsi, la Maison d’industrie, protestante, paie aux pauvres un prix beaucoup plus élevé que celui qu’ils recevraient dans les magasins et par là encourage le travail.

Les Sœurs de la Providence les paient un prix infiniment au-dessous de celui qu’ils recevraient des patrons, un prix dérisoire qui est plutôt une aumône, et par là encouragent la mendicité.

Il est vrai que les bonnes sœurs de la Providence parlent beaucoup du paradis à leurs pauvres en leur donnant deux sous et demi par jour ; la Maison d’industrie se contente d’épargner aux siens la prostitution et les vices dégradants de la misère.

Il est impossible que les protestants soient sauvés s’ils continuent d’agir de la sorte.

UN IN PACE EN 1869


Je lis dans la Chronique de Louvain :

« Non loin de Louvain, hors de la Porte de Bruxelles, se trouve un couvent. Pour un motif odieux, il a plu à la supérieure de ce couvent de faire enfermer dans un cachot souterrain, sorte de cave