Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/39

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Un jour viendra sans doute où toutes les prisons seront changées en collèges. C’est lorsque l’instruction, cette grande moralisatrice, aura banni l’ignorance et la misère qui sont la cause de tant de crimes.

Il faut pour cela que l’instruction soit libre, qu’elle soit dirigée par des hommes qui veulent faire d’autres hommes, et non par une caste ambitieuse qui ne cherche qu’à faire des esclaves afin de leur commander.

Les dernières nouvelles d’Espagne annoncent que la Junte provisoire a saisi les propriétés des Jésuites et banni leur ordre.

Allons, pauvre Espagne ! te voilà atteinte du même mal qui a sauvé la France, et qui menace de sauver prochainement le Mexique.

Il n’y aura bientôt que le Canada où l’on pourra faire son salut en payant.

Je lis dans le Pays :

« Si l’on se souvient que, par suite d’un décret, le nombre des couvents existant en Espagne, avant 1837, a été diminué de moitié, il ne sera pas sans intérêt de connaître le nombre de ceux qui existaient en mil huit cent soixante, date du dernier recensement officiel.

« À cette époque, il y avait 866 couvents, dans lesquels vivaient 12,990 religieuses, dont le chiffre des pensions se montait à 8,990,620 réaux par an. Le nombre des chapelains, sacristains, organistes et chanteurs des dits couvents était de 2,174, et leur budget annuel de 3,421,086 réaux.

« Il y avait en outre 8 espèces d’ordres religieux d’hommes, répartis dans 32 établissements, et composés de 719 personnes.

« Mais, depuis 1860, les communautés religieuses des deux sexes ont augmenté dans une proportion considérable, à l’abri de la protection que leur accordait le gouvernement.

« En 1833 on comptait en Espagne 29 ordres religieux d’hommes qui possédaient 1834 maisons ou couvents. Les religieux étaient au nombre de 31,279.»

Maintenant, veut-on savoir pour quels gens on tenait ainsi l’Espagne comme embouteillée, et si bien, et si fort, qu’elle a fini par éclater ?

On s’entretenait, avant la révolution, dans une réunion assez nombreuse, de la conspiration qui a eu pour résultat l’exil des généraux de l’Union Libérale. Le curé d’une paroisse s’écria : si Juarez estarà en eso, donnant à entendre que le président de la République Mexicaine pouvait être le promoteur de la dite conspiration.

Cette sublime ignorance ne peut être comparée qu’à celle d’un de nos curés de campagne qui, prêchant la passion le vendredi saint, se tourna, dans un transport, vers un crucifix surmonté du coq légendaire. « C’est toi, s’écria-t-il, oui, c’est toi, maudit coq, qui es cause que notre Seigneur a été pendu à Rome, entre deux autres voleurs. »

Cette aversion légitime des coqs, jointe à d’autres motifs très graves, faisait que ce curé était toujours contre les Rouges dans les élections.

À propos de l’Art de croire que je continue à voir parmi les annonces de mon confrère en Jésus-Christ, il m’est venu une idée.