Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/41

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faits pour être méprisés par les races qui nous entourent, et nous ne le volons point, Dieu merci.

L’évêque de Montréal fait-il un pas, tous les journaux de s’écrier : « Sa Grandeur Monseigneur par ici, Sa Grandeur Monseigneur par là… etc… »

L’autre jour, Sa Grandeur, donc, allait consacrer la nouvelle église de l’Assomption.

Les élèves du collège, dit la Minerve, se disposaient à aller au devant de Sa Grandeur, tout armés de pied en cap pour lui faire escorte ; mais, par malheur, le mauvais temps empêcha qu’on arrangeât les choses au gré du zèle ; et une heure et demie avant l’heure fixée pour l’arrivée de Sa Grandeur. Elle descendait à l’église d’abord, puis au presbytère, à la grande surprise des habitants qui se trouvaient pris en flagrant délit de bonnes dispositions.

Le cortège qu’on se proposait de faire à Monseigneur eût bien valu la peine d’être compté, si Sa Grandeur n’eût prévenu les plus empressés.

Malgré qu’on eût été pris à l’improviste dix minutes après l’arrivée de Sa Grandeur, 300 à 400 personnes stationnaient devant le presbytère. Et Monseigneur ayant paru… etc.…

Ceux qui peuvent avaler tout ce dégobillage, sans avoir des crises, ont l’estomac robuste. Quant à moi, je suis dispeptique, et, dès la troisième ligne, j’ai eu des nausées.

Je connais un temps, qui n’est pas le nôtre, où l’on était bien meilleur catholique qu’aujourd’hui, tout en l’affichant bien moins.

Dans ce temps-là, on se contentait d’appeler un prélat tout bonnement M. l’évêque, ce qui ne l’empêchait pas de bénir autant de cloches et d’accorder autant d’indulgences que le prélat de Montréal.

L’exagération pompeuse des titres est toujours en raison directe de l’affaiblissement du respect qu’on porte à la personne, ou à ce qu’elle représente.

Le Journal de Québec a changé son amour du féminin pour celui du pluriel. « Le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, dit-il, le général Doyle, sont en ce moment à Terreneuve. »

Quand on n’a plus la qualité, il faut au moins se rattraper sur la quantité.

Les zouaves canadiens ont reçu une distribution de tabac que leur a envoyé le comité de Montréal. Voici comment ils témoignent leur reconnaissance.


Rome, Cercle Canadien, 8 septembre 1867.

Tous les enfants du Canada, Zouaves Pontificaux, sur lesquels vous avez déversé vos bienfaits, sans distinction de localité, vous disent simultanément : merci, mille fois merci, et vous envoient des souhaits de bonheur et de joie. Nous pensons avoir bientôt occasion de battre le briquet au nez des forçats anti-catholiques : nous leur montrerons quelle gaieté donne au cœur canadien une bonne pipée de bon tabac. Les sacrifices que vous avez faits auront, nous vous l’assurons, leur récompense.

Si les zouaves canadiens ont été envoyés à Rome pour se battre avec des forçats, ça n’était pas la peine, à moins que ce ne soit là une