Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce quartier comprend les rues Fabrique et Saint-Jean, les deux rues fashionables.

Les ministres de la province étant établis permanemment à Québec, on a compris qu’il fallait avoir des forêts de l’état, pour qu’ils pussent occuper dignement leurs nombreux loisirs.

Le prochain rendez-vous de chasse aux animaux à fourrures aura lieu à Québec, en décembre prochain.

Un British, tout récemment déballé d’outre-mer, a pris les devants, croyant que puisqu’il y avait des loups-cerviers, il pouvait aussi bien y avoir des ours, et il s’est rendu à Québec pour leur faire la chasse.

Quelques personnes bien renseignées de l’endroit l’ont dissuadé de son projet, en lui faisant comprendre, à grand’peine, que toutes les bêtes de la création ne pouvaient pas habiter en même temps la capitale.

Les journaux d’Italie annoncent que François ii, l’ex-roi de Naples, abdique en faveur de son frère, le comte Girgenti.

En voilà un qui ne se presse pas. Voilà huit ans qu’il a perdu son trône, et c’est d’aujourd’hui qu’il l’abdique !

Il n’y a que ces gens-là pour nous donner le fou rire.

Mais le plus drôle sera de voir le Nouveau-Monde prendre la chose au sérieux, et conseiller au roi sans royaume de ne pas abdiquer.

LE CONCERT PRUME

« Montréal, comme centre d’attraction artistique, dit la Minerve, ne se croit pas du tout à plaindre. Avec Prume et Madame Petipas, deux réputations européennes, nous laissons volontiers à New-York ses combinaisons Bateman et Grau, pour conserver nous-mêmes la véritable suprématie du bon goût en Amérique.

On connaît Madame Petipas, M. N. Mairovitch et M. Mayerhoffer. On s’est acharné à les applaudir, et les applaudissements n’étaient pas volés. »

Il est bon d’observer, avant d’aller plus loin, que ce n’est pas nous qui laissons à New-York les combinaisons Bateman, ce sont elles qui nous laissent — que tant que la troupe Bateman est restée à Montréal, la ville entière s’est précipitée à ses représentations comme une véritable furie, malgré la concurrence qu’ont essayé de faire les jésuites — que là où nous donnons les plus remarquables preuves de bon goût artistique, c’est aux concerts de ménestrels, aux jeux de cirque, aux séances de nécromanciens, auxquels nos gens accourent avec fureur…

Ensuite, il faut observer qu’on ne fait pas preuve de bon goût en mettant ensemble Mme  PETIPAS et M. N. Mairovitch.