Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/47

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J’ai déjà dit dans mon premier numéro que les pires imbéciles sont ceux qui l’ignorent au point de se croire fins, et que ceux-là ont invariablement un penchant étrange, qui est de faire des comptes rendus pour la Minerve. Faut-il que je le redise ?

Dieu qu’il m’en coûte d’être toujours sur le dos de mes confrères ! Mais pourquoi sont-ils toujours sur mes nerfs ?

Nous avions jeudi dernier deux grands artistes, Prume et Mme Petipas. Quelle idée a-t-on eue d’aller fourrer là Narcisse Mairovitch ? Quelle idée a-t-il eue d’aller s’y fourrer lui-même ?

Je ne dis conviens pas que Narcisse ait une voix, mais pas pour chanter. Il est bien mieux quand il tousse.

Il n’a donc pas d’amis, ce pauvre jeune homme !

Voilà Madame Petipas, une artiste nécessaire dans notre ville, une femme dont la longue perfection et les leçons savantes sont indispensables à toutes nos jeunes filles qui ont des dispositions musicales, et vous lui servez des comptes rendus de Minerve pour reconnaître son talent et l’encourager !!

Nom d’une clarinette ! ceci me froisse.

Ah ça ! dans le grrrand parti conservateur, vous ne trouvez donc pas un homme capable d’écrire deux lignes supportables ! Importez-en, que diable ! et ne faites pas payer vos lecteurs pour les rendre idiots.

LE PAPE


(Extrait des Guêpes d’Alphonse Karr)

« À propos de pape, la vocation réelle du comte de Mastaï Ferretti était pour l’état militaire. On assure même qu’il a porté quelque temps les armes ; c’est la faiblesse de sa santé qui le décida à entrer dans la carrière ecclésiastique, où il est devenu pape sous le nom de Pie ix. Ce goût paraît s’être singulièrement réveillé depuis quelque temps. Les journaux religieux sont remplis de ses préoccupations belliqueuses. « Le Saint-père, qui avait daigné visiter une partie de ses milices à la Rocca-di-Pacha, a été hier visiter une autre partie de ses braves défenseurs (je cite textuellement), au bruit des salves d’artillerie et des fanfares militaires. Le Saint-père a parcouru le camp dans toute sa longueur.

« Le Saint-père a célébré la messe militaire et a donné la bénédiction, puis il a déjeuné, entouré de ses officiers.

« Les troupes ont rendu au pape les honneurs militaires. »

Voilà pour le côté guerrier ; voici qui regarde le successeur de l’humble Pierre, le serviteur des serviteurs de Pierre ;