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Ah ! vous ne me réfutez pas, parce que vous savez bien que je ne m’arrêterai pas à moitié chemin, que tous vos moyens ordinaires d’intimidation et d’étouffement sont nuls avec moi ; que l’injure et la calomnie, vos seuls arguments, je m’en amuse ; que je vais droit sans m’occuper de ce qui m’arrivera, et qu’avec un passé comme le vôtre, plein de tyrannie révoltante, d’abus d’autorité inouïs, vous ne sauriez raisonner sans vous perdre.

Vous n’avez d’autre ressource que dans le soulèvement des préjugés et des haines sans motifs.

Mais cette réfutation-là, très-facile, il est vrai, n’a qu’un défaut, c’est qu’elle ne réfute rien, et que, pour entendre aboyer des chiens furieux, il n’est pas nécessaire de s’abonner à un journal.

Je vous attends. C’est à vous de mettre un terme à la Lanterne. Réfutez-la et elle cesse de paraître. En attendant, n’y en eût-il que dix exemplaires répandus par semaine, vous êtes coupable de ne pas en empêcher la lecture, si la vérité est de votre côté.

On écrit du Havre à un journal de Paris :

Tout près de l’aquarium, qui attire tant de curieux, se trouvent deux kiosques : l’un protestant, l’autre catholique ; c’est dire qu’ils ne se regardent pas d’un bon œil. Dans l’un de ces kiosques, un brave homme distribue pour rien des Bibles et autres livres pieux ; il en a déjà donné plus de 200, 000. Dans l’autre, une charmante jeune fille vend le plus cher possible… devinez quoi ? Je vous le donne en mille ; donnez votre langue aux chiens tout de suite, car vous ne trouverez jamais. Elle vend de l’eau de toilette de l’Immaculée Conception.

Ô mystère ! ô profondeur ! Eau de toilette de l’Immaculée Conception ! À quels usages cette eau peut-elle bien être consacrée ? Je m’y perds.

Je ne m’y perds pas, moi, et je vais expliquer à quoi sert cette eau.

Elle sert à enrichir les congrégations, avec l’argent des vieilles femmes, comme l’huile de Notre-Dame-de-Pitié, à Montréal.

Cette huile miraculeuse est inépuisable, et se débite régulièrement dans l’église St-Joseph. Elle n’a aucune odeur, si ce n’est l’odeur de sainteté qui ne s’évapore pas.

L’argent retiré de la vente de cette huile se dépense en bonnes œuvres, comme celle de procurer du tabac aux zouaves pontificaux, et d’acheter des cordons de St. Thomas, enroulés trois fois autour du corps, pour conserver la chasteté.

L’Ordre demande la liste des actionnaires du Pays quotidien. Je vais satisfaire l’Ordre ; j’ai cette liste, je la connais par cœur, et la lui passerai, à une condition. Pour chaque nom de protestant qu’il y trouvera, je lui donne $100. Pour chaque nom de catholique, il me donnera un écu. Est-ce fait ? Il y a 150 noms.

Ah ! ah ! elle est jolie la demande de l’Ordre. Vous voudriez bien l’avoir, n’est-ce pas, cette liste, afin de persécuter les actionnaires,