Page:Buies - La presse canadienne-française et les améliorations de Québec, 1875.djvu/12

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sans faiblesse si l’on veut en faire mesurer la profondeur et l’étendue.

Messieurs, dans aucun pays il n’y a pas un homme qui puisse se dire exempt de toute espèce de solidarité avec les choses qui s’y font, et s’il y découvre un mal, un vice, une lacune, et par suite une réforme nécessaire à poursuivre, c’est son devoir de le dénoncer, d’indiquer le remède, s’il le connait, ou du moins de ne pas marchander au mal les expressions qui le caractérisent.

Pourquoi la presse canadienne-française est-elle en général si profondément abaissée ? Pourquoi est-elle si nulle ? Pourquoi y trouve-t-on tant de choses qui soulèvent le cœur avec si peu d’aliments qui nourrissent l’esprit ? c’est que l’éducation, dans notre pays, est absolument fausse, je veux dire qu’elle est étrangère aux besoins du monde moderne, aux conditions nouvelles de société qu’établit le progrès des sciences, et surtout parce qu’elle méconnaît cette vérité aujourd’hui manifeste, c’est que la science est devenue une nécessité au lieu d’être un luxe comme elle l’était jadis. La science, de nos jours, Messieurs, reçoit une application constante, universelle ; le savant ne peut plus, comme autrefois, se tenir renfermé dans son cabinet au milieu de ses livres, et n’avoir de rapports qu’avec un petit monde d’élus ; d’où il résultait que la science restait à l’état purement théorique ; non, le savant doit venir aujourd’hui devant le public tout entier communiquer le fruit de ses travaux et subir l’épreuve de ses découvertes. Tout ce que l’esprit trouve, la matière le met immédiatement en usage ; le savant n’a plus un objet purement idéal en vue ; en faisant les grandes comme les petites découvertes, il travaille surtout à augmenter le bien-être général, à perfectionner les méthodes comme les instruments, et à fournir au commerce, à l’industrie, aux relations de peuple à peuple tous les moyens possibles de se multiplier : il n’y a plus de sciences abstraites,