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pour ne pas faire connaître toute la vérité. Je dirai donc avec la certitude de n’éprouver aucun démenti, que je ne connais nulle part en cette province un territoire qui, sur une étendue aussi considérable, offre des qualités supérieures, à tous égards, aux terres qui composent une partie des cantons que j’ai arpentés…

« Mais ce n’est pas tout. Le climat vient apporter son contingent de faveurs à l’agriculture. J’ai vu bien des personnes marquer de la surprise, lorsque je leur disais que le climat du lac Saint-Jean peut rivaliser avec celui de Montréal ; rien de plus vrai cependant. Une chose importante à remarquer est que les vents du nord-est, si humides et si désagréables sur les bords du Saint-Laurent, perdent leur cortège de vapeurs avant d’arriver au lac Saint-Jean, et sont alors ce que sont les vents du sud-ouest sur les bords du fleuve. Les arbres fruitiers que l’on voit dans le jardin du poste de Métabetchouan, sur les bords du lac, attestent la douceur du climat. Il suffit de jeter un coup d’œil sur ces forêts de cèdres d’une grosseur prodigieuse, de pins blancs, de pins rouges, d’épinettes et de merisiers, pour se convaincre de la bonté de ce climat et de la vigueur nourricière du sol. »

Ajoutons à ces témoignages d’une haute valeur l’appréciation suivante d’un touriste qui a visité dernièrement le pays :

« Le lac Saint-Jean, » dit-il, « est une magnifique étendue d’eau ; on n’en peut voir le côté opposé que lorsque le temps est très clair ; en tout autre temps on reste sous l’impression que c’est une mer intérieure. En suivant le rivage occidental du lac la scène est très belle. Une pointe bleue éloignée, à peine visible d’abord, se change graduellement en une longue côte, couverte de fermes, de villages et d’églises, nous rappelant les rives du Saint-Laurent en bas de Montréal. L’œil ne se fatigue jamais à regarder ce magnifique panorama ; d’un côté, des champs de blé, s’élevant graduellement des bords du lac ; de l’autre côté, l’immense étendue du lac.

LE SOL

est presque inépuisable. À la Pointe-aux-Trembles j’ai vu un champ qui a produit du blé pendant les quinze dernières années, sans application d’aucun engrais ; et le grain que j’ai vu cette année était aussi beau que celui que l’on