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LA VALLÉE

V


L’histoire de la colonisation, dans la vallée inférieure de la Matapédia, rappelle un de ces exodes de pèlerins des 16ème et 17ème siècles, qui ont marqué d’une si forte empreinte quelques-uns des endroits historiques du nouveau monde. Dans des conditions qui n’ont pas le caractère imposant ni la grandeur en quelque mesure épique que leur donne l’histoire, dans des conditions réduites à un tout petit cadre, mais se rattachant par plus d’un point de ressemblance au débarquement des pèlerins de la May Flower sur le rivage du Massachussetts, a commencé, grandi et s’est fortifiée avec le temps la petite colonie primitive qui a jeté les premières fondations sur la rivière Matapédia, à l’endroit où ses eaux, se mêlant avec celles de la Ristigouche, vont se perdre dans la Baie des Chaleurs.


Dans le cours de l’été de 1860, quelques hommes courageux, appartenant à la paroisse acadienne de Rustico, située sur la côte nord de l’Île du Prince-Édouard, étaient venus visiter les terres du canton de Matapédia, avec l’intention de s’y fixer. Ce qui avait donné lieu à ce mouvement, c’était la tenure incertaine des terres dans l’Île du Prince-Édouard, où prévalait encore le système des baux emphythéotiques, avec des termes variant de 20 à 99 ans, c’étaient la pauvreté relative et l’exiguité du territoire cultivable, et enfin la nécessité de se trouver de